L'HISTOIRE
"Dis, tu ne pourrais pas te pousser un peu ? Elle est peut-être cachée précisément là où tu es, ma solitude hivernale !"
(La Solitude hivernale / Interlude 5)
RESUME
Jusqu'à quel point peut-on en vouloir à l'autre de ne pas nous comprendre ?
Dans cette pièce, l'auteur donne la parole aux non-dits : tout ce qu'on n'ose pas avouer à l'autre mais qu'on aimerait tellement qu'il entende sans qu'on ait à le formuler. Seulement, l'autre n'est pas nous et il est parfois difficile de l'admettre.
Elle est là. Elle attend son mari. Il rentre mais n'entend rien de ce qu'elle voudrait lui dire et la voilà partie sur des chemins à la recherche d'un homme qui saurait écouter ce qu'elle garde pour elle.
Lui la voit partir sans comprendre pourquoi. Il se retrouve seul et se met à chercher une femme comme on choisit une cuisine équipée. Un représentant sonne chez lui et le mari lui propose d'endosser le rôle de sa femme.
Un couple de clowns cherchant leur solitude hivernale assiste à ces amours défaites ou naissantes.
Chacun enquête sur soi ou sur l'autre. Mais où est le crime ? Et existe-t-il un coupable ?
La Solitude hivernale questionne sur cette solitude qu'on nie parfois : la sienne et par conséquent celle de l'autre.
La comédie est présente tout au long de cette quête grâce au regard naïf du duo de clowns mais aussi à travers le jusqu'au-boutisme de ces personnages qui les amène à l'absurde.
THEMES
Quête de soi / SIDA / Homosexualité / Philosophie / Tolérance / Clown / Danse
EXTRAITS
(Texte publié aux éditions Xérographes)
Note : [Ce qui est écrit entre crochets relève du non-dit.]
EXTRAIT 1
LA FEMME
[Moi, je me perds dans tes empreintes sur les verres. Tes taches sur les cols. Ton odeur sur les draps. Tes marques sur la cuvette. Des traces. Rien que des traces. Mais je voudrais qu’on s’en sorte, que tu sois en moi, qu’on élargisse la chair, qu’elle ait deux jambes comme nous et une voix qui apprend les mots pour dire... nous ! nous ! nous !]
Y a une mouche à merde, non ?
LE MARI
Je ne sais pas. Possible. En tout cas, il y a un truc. Tu ne veux pas allumer ?
LA FEMME
[Et tu ne veux pas que je te torche, non plus ?]
LE MARI
Merci.
(Scène I - Où l'on vide le vide)
EXTRAIT 2
YVONNE
Nous avons des représentants qui peuvent venir vous proposer des aménagements absolument extraordinaires.
LE MARI
Vous ?
YVONNE
Non, pas moi.
LE MARI
Ah.
YVONNE
Vous seriez intéressé ?
LE MARI
Je ne sais pas... Il y a des femmes ?
YVONNE
Oui. Pourquoi ?
LE MARI
Je préfèrerais une femme.
(Scène IV - Où elle espère qu'ils soient touchés)
EXTRAIT 3
LUI
Avance ! Il se pourrait bien que notre solitude hivernale ait des kilomètres d’avance sur nous ! Donc avance !
ELLE
Ca me fait un point. Là !
LUI
Je ne vois rien.
ELLE
C'est normal, c'est à l'intérieur.
LUI
Comment tu peux le savoir, alors ?
ELLE
Parce que je le sens !
LUI
Ca pourrait être un carré...
ELLE
C'est ta tête qui va l'être si tu continues !
LUI
Ca me fait une belle jambe.
ELLE
C'est un point de côté.
LUI
De côté ? C’est encore mieux ! Comment un point peut être de côté ? C’est plat, un point !
(Interlude VII)