Presse
LES AMERS de Mathieu Beurton
FRANCE INTER - 18/04/2009
J'ai découvert Mathieu Beurton l'année dernière à Avignon, il y mettait en scène un texte dont il est l'auteur: " Les Amers". Malgré les contraintes de mise en scène et de jeu pour les comédiens dus à la petitesse de la scène, j'avais été transporté par ce spectacle. Un beau travail sur la quête de soi, la rencontre et l'ouverture à l'autre. Un fin regard sur les possibilités de nouveaux points de vue et de nouveaux départs au sortir de l'errance et de l'aveuglement de vies soumises à condition. L'originalité de l'écriture, le rythme de la mise en scène et la gourmandise des comédiens ont fait de ce spectacle une de mes plus belles surprises du dernier festival.
Un bon bouche à oreilles et le public était présent. L'Espace Roseau ne s'y est pas trompé, en accueillant de nouveau cette année "Les Amers" à Avignon, sur une scène plus large, du 08 au 31 juillet.
Les Coups de coeur de Mr Guy / Guy Flattot
L'HUMANITE - 29/07/2008
Amarrée haute
C’est l’histoire de jeunes gens qui n’ont que la mer pour seul horizon. l’un est marin, l’autre remaille les filets,la dernière tricote des pulls pour marins. Trois personnages paumés, qui s’aiment, s’aiment pas, se désirent et se déchirent. Mathieu Beurton a écrit et mis en scène les Amers. Entouré de Marie Lombard, Claire Mailles et de Yoan Masson, il est un des personnages du trio, hanté par le souvenir d’un enfant mort-né. Une fine équipe, sans oublier Cédric Leproust en régie, dont la moyenne d’âge avoisine les vingt ans. Et dont l’envie de jouer est contagieuse. Ils se donnent sans compter.
Marie-José SIRACH
REVUE-SPECTACLE.COM - 19/07/2008
Les Amers... ou histoire de trans... positions !
Permutation des couples (la première fois n'est pas forcément la meilleure), des activités (tricoter des pulls de laine ou repriser les filets des pêcheurs, ou partir en mer), des paternités (de fils devenir père – sans passer par la Trinité mais par le cimetière), des sexualités (d'abord la robe, les chaussures suivront), des sexes (une petite fille pour un petit Noé)... Bref, une jeunesse déboussolée mais pas sans avenir... du moins dans le showbiz
Jean-Yves BERTRAND
LES TROIS COUPS - 17/07/2008
Intimité profonde
Après la scène du Théâtre Pixel à Paris, Mathieu Beurton et sa pièce « les Amers » prennent d’assaut le plateau du Pitchoun à Avignon. Ce spectacle est bien la preuve que de petites scènes défendent des bijoux théâtraux.
Les Amers, c’est l’eau qui coule sur une gorge, la bouche de Joe qui souffle le vent, les épluchures d’oranges qui nous chatouillent le nez, les mains de Kevin qui caressent le bois brut, les plumes qui jaillissent du ventre d’un oreiller. Ce spectacle happe le spectateur, tant dans sa forme, qui fait appel à ses cinq sens, que dans son propos, qui convoque son intimité profonde. Les corps chavirent. Seuls les mots et leur force les font se relever. Les êtres dialoguent par l’intermédiaire du « face public » essentiellement, les face-à-face sont rares. L’auteur révèle ainsi une pathologie profonde de notre société : notre incapacité à communiquer.
C’est un texte rythmé, rigoureux et dense que nous livre Mathieu Beurton. Les jeux de mots affluent dans un tourbillon de figures de style. Du coup, certaines subtilités nous échappent. Les cris empêchent quelquefois le sens de nous parvenir. Le spectateur est alors brièvement coupé du fil, qu’il s’efforce de ne pas lâcher. On sent le travail et la rigueur de ces jeunes artistes : la ravageuse nécessité de leur offrande artistique est éclatante. Leurs visages transpirent l’émotion et la détermination. Le réalisme de quelques scènes d’altercation entre Kevin et Jenny sont à la limite du supportable. J’en ai été quasiment déstabilisée. Preuve que les Amers provoque l’intime du spectateur.
L’auteur masculin sait toucher la femme dans ses valeurs les plus fortes : la scène de l’enfant (Claire Mailles) et de Jenny (Marie Lombard) m’a arraché une émotion profonde et incontrôlée. Ce dialogue s’adresse à nos instincts de mère et d’enfant : nos manques, nos craintes, nos rêves avortés.
J’ai souvent regretté la pénombre dans laquelle baignent les corps. Une caisse en bois en milieu de scène a partiellement gêné mon champ de vision au début du spectacle. Quelques détails pas vraiment négatifs qui ont vite disparu au profit d’un spectacle qui m’a bouleversée.
Alexandra CARTET
FROGGY’S DELIGHT - Mars 2008
Comédie dramatique de Mathieu Beurton, mise en scène de Mathieu Beurton et Cédric Leproust, avec Mathieu Beurton, Marie Lombard, Claire Mailles et Yoan Masson.
Un village de pêcheurs. Trois personnages liés qui vont, poussés par des vagues parallèles et le vent du large, avancer vers l’océan et trouver leur voie.
Spectacle sensoriel sur un très beau texte de Mathieu Beurton, "Les amers" nous fait ressentir au plus profond les sensations de ce trio, ainsi que le décor qui les environne.
La mise en scène précise, fluide et imaginative (de Mathieu Beurton et Cédric Leproust) utilise au mieux l’espace réduit et en tire parti pour créer un cadre, des ambiances et avancer en suivant la dérive de ces trois errances que le vent du large ballote, à la recherche de leur identité. Les objets leur renvoient les voix des autres, leurs expériences les regards et leur parcours peu à peu s’éclaire et se précise.
On est fasciné, impressionné et ému par ces humanités si fortes et l’on repart avec une odeur d’orange, dans la rétine des lueurs bleues ou rouges qui se balancent et un texte fulgurant d’un auteur qu’il faut absolument aller découvrir. Un texte sur l’amour et la mer ou l’amour de la mère qui déroule plusieurs pistes comme les voiles d’un bateau et nous entraîne dans des territoires sauvages et loin des clichés.
L’ensemble est un magnifique spectacle aux comédiens impeccables qui prouve encore une fois, s’il en était besoin, que la création contemporaine est bien vivante. Et de quelle façon.
Nicolas ARNSTAM
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